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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 15:35

 

-La gamine du quatrième-

 

Je mange des gâteaux au chocolat, et je me fais du gras, pas seulement dans les bras.

Le miroir n’a que des saletés à me renvoyer à la gueule. C’est sur, c’est pas en engloutissant 300 calories par bouchée que ça va s’arranger. Mais c’est réconfortant. Et puis, même les scientifiques le disent, que c’est un antidépresseur, le chocolat.

Est-ce qu’une frange serait la solution pour éradiquer cette tête de gamine que je dois me farcir ? Est-ce que j’aurais l’air plus crédible ? C’est trop con de ne pas se poser les bonnes questions.

L’autre jour, j’ai ris. Qu’est-ce qu’il y avait de drôle ? Je ne sais pas, mais comme tout le monde riait, j’ai suivi. Je n’y peux rien, je ne sais pas faire différemment… C’est idiot, certainement ; mais toujours moins que de montrer à quel point je peux être à côté de la plaque. Mes failles, je préfère les enfouir sous des incohérences. Surement que je tiens ça de ma mère.

Au collège, il y avait cette connasse, qui, bien avant, avait été une de mes plus grandes copines, et qui n’arrêtait plus de m’humilier en prouvant aux autres mon absence flagrante de personnalité.

Elle a déménagé, depuis, mais je lui souhaite encore de s’étouffer dans son complexe de supériorité, à celle-là.

J’ai mal au ventre, 2 gâteaux, c’était trop.

Souvent, j’ai envie de dire ; et puis finalement, non.

Je me déteste, mais ça, ça reste. Constamment, je me déteste. Il ne faut pas manquer de personnalité pour se détester. Il faut juste qu’elle soit un peu trop bancale.

Au cinquième, l’autre jour, la porte a claqué. C’est la nouvelle, A. –je le sais, son nom est sur la boîte à lettres– qui devait être avec des copines. On a entendu glousser pendant des heures, après. Maman a râlé. Enfin, depuis son fauteuil elle a marmonné quelques grossièretés avant de se renfrogner tout en se cachant derrière un magazine. Avant, c’était une petite vieille qui vivait là-haut. Alors on n’était pas emmerdées avec le bruit. Mais sans ascenseur, elle pouvait plus, la mamie. Elle diminuait de jour en jour. C’est son petit-fils qui a fini par péter un câble. Il supportait plus de voir celle qu’il avait connu encore dynamique se laisser aller comme ça. Une semaine après sa dernière visite, elle était plus là. J’ai pas su la suite, mais l’appart’ est pas resté inoccupé longtemps.

C’est en croisant A. dans le hall, en revenant d’une course prétexte pour m’en fumer une, que j’ai eu l’idée de la frange. En me disant bonjour, elle a eu un petit mouvement de tête pour découvrir ses yeux, et rien que dans ce geste elle dégageait une assurance folle. Donc j’ai pensé que la frange ça serait bien, pour moi.

Ou un ravalement de façade et une lobotomie.

J’ai la gerbe. Je me regarde dans la glace et j’ai la gerbe. Je pense à moi, à ce que je fais de ma vie –rien– et ça me débecte.

La semaine prochaine, je soufflerai 19 bougies, et j’ai toujours ma gueule de bébé joues rondes et cheveux sages.

Dans une semaine j’aurais 19 ans, et je ne suis rien de plus qu’une paumée.

 

Je n’aurais vraiment pas dû avoir cette paire de ciseaux dans ma chambre…Maintenant, je regrette.

 

 

Le premier épisode d’histoires d’A. c’était là : Histoires d'A.

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 08:44

J’arrive pas à fermer les yeux. Il est tard dans la nuit, et au plafond il y a encore de temps à autre l’éclat fugace des phares de quelque voiture qui passe sous la fenêtre. J’avais perdu l’habitude des volets anciens qui laissent passer la lumière.

Gaspard s’est finalement décidé à me quitter.

Juste après son départ, en fin d’après-midi, quand je me suis retrouvée seule dans ce nouvel appart’, je me suis mise à pleurer. Jusqu’à ce que je réalise que si je pleurais, ce n’était pas à cause du chagrin, mais de la peur de l’inconnu qui me tendait les bras, maintenant.

Ça faisait plus de trois ans qu’on vivait ensemble. C’était depuis longtemps devenu facile. Prévisible. Limite chiant, en fait. Mais juste de cet ennui monotone et mécanique dans lequel on fini toujours par s’enliser, quand on a fini de s’aimer sans qu’on ait encore eu l’occasion de s’en rendre compte.

L’occasion, dans notre cas, elle s’est appelée Julie.

Julie, qui lui a fait comprendre que sa vie était ailleurs.

Gaspard a été fair-play, dès qu’il a su qu’il aimerait envisager quelque chose avec elle –qu’est-ce que je raconte ?– aussitôt qu’il n’a plus pu réfréner son envie de se la faire, il est venu me parler.

On est jeunes, on est bien ensemble, mais bien, ce n’est pas assez, à 25 balais. Dans le fond, j’étais bien d’accord avec lui. Mais c’est effrayant d’en prendre conscience. Qu’est-ce que ça fait du temps passé entre la fin de la passion et le moment de la rupture ? Du temps perdu ? Du temps gâché, à vivre mollement, à moitié ? A vivre lâchement plutôt qu’à se regarder en face et se secouer la réflexion…

Ce qui me tient réveillée à 2H27, c’est ça, ce qu’il a dit à propos de ma vie, que je la regardais passer, sans m’investir dedans. « A quand remonte le dernier véritable choix que tu ais fais pour toi-même ? » Sur le coup, j’ai eu du mal avec son discours moralisateur, sensé le déculpabiliser, lui, de me laisser là, avec la moitié de nos vieilles affaires dans des cartons. Mais si ça m’a fait réagir, c’est parce que je sais qu’il a raison. Et je déteste avoir à penser à ce gros disfonctionnement d’un des traits les plus fondamentaux de ma personnalité.

J’admire ces gens qui avancent dans leur vie sans laisser paraître le moindre doute, qui entreprennent avec une facilité évidente ; quand je suis de mon côté sans cesse rongée par l’angoisse de m’être trompée, et de voir les regrets m’envahir. Choisir, c’est ma corde sensible. C’est toujours bien trop définitif, et très arbitraire, un choix. C’est limitant, et frustrant. Seuls les inconnus et les tortionnaires (rares, c’est un fait) me mettent encore face à des choix. Ceux qui me connaissent ont bien comprit que ça ne servait à rien.

Et puis surtout, décider, c’est se révéler aux yeux des autres, et j’ai comme la fâcheuse tendance à toujours m’inquiéter de ce qu’on pense. Tiens, elle à choisi d’aller là plutôt qu’ici. Et comme je ne suis pas sure de moi, je me dis que c’est peut-être ici que j’aurais du aller (et si c’était les autres qui aient raison ?)

En fait, une véritable tête à claque. Je me rencontrerais, j’aurais envie de me secouer. Et encore, si j’étais gentille. Sinon je ferais comme tous les autres, comme Gaspard, je me désintéresserais bien vite de moi.

Parce que, je me demande, quel souvenir vais-je lui laisser ? Rien d’impérissable en tout cas. Peut-être même que ce soir, déjà, il m’a évoqué comme le fantôme d’un vieux passé ; quand sa copine a prit ma place dans notre lit, et qu’en ouvrant le tiroir de la table de nuit pour ranger un Labello elle s’est trouvée nez à nez avec un vieux tissu défraichi et chiffonné. Répugnée, elle aura demandé « c’est quoi, cette horreur ? » et lui, en remontant son caleçon, d’un coup d’œil vide de tout intérêt, lui aura répondu « ça ? Probablement le mouchoir d’A. »

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 11:24

 

Quand il m’arrive de penser au temps où je n’avais pas encore d’enfants (c’était il y a 2 ans et 9 mois, déjà…) j’ai envie de faire machine arrière, je me dis que je ne connaissais pas ma chance, je regrette mon corps de rêve, je me demande ce qui m’a pris, j’arrête, on va vraiment croire que je pense tout ce que j’écris, après.

Donc quand je me souviens qu’il n’y a encore pas si longtemps, j’étais étudiante dans le sud est de la France, que je barbotais joyeusement dans le vaste monde de la culture –des livres, en tout cas– que je me voyais déjà libraire épanouie conversant passionnément avec mes clients, que je me rêvais dans le cortège de tous les combats pour défendre le livre d’une mort (presque) certaine ; bref, quand je croyais que mon cerveau, qui avait déjà dormi les 19 premières années de sa vie, était enfin sortit de sa léthargie pour se mettre à savourer le plaisir de fonctionner avec un peu d’intelligence, c’est là que j’ai soudain raté une marche dans cette ascension inespérée et prodigieuse (si si), et que je me suis lamentablement ramassée, la mâchoire écrasée quelques marches plus haut (tel le lapin dans un des épisodes de Happy Tree Friends, pour ceux qui connaissent).

Bon, j’ai fais d’autres choses, certes. Par exemple, je suis devenue une vraie pro dans l’art de la feinte, parce qu’avec un gosse, il est vital de savoir ruser très rapidement si on veut garder le contrôle de la situation. Je connais 15 épisodes de Mimi la souris par cœur, et je suis en bonne voie avec ceux de Petit Ours Brun ; ce qui ne sert pas à grand-chose, j’en conviens, si ce n’est à voir le regard étonné de mon fils chaque fois que je récite les dialogues juste avant la voix qui sort de la télé. En fait, j’ai appris à être une maman. Un rôle pas toujours facile au quotidien. Surtout quand on n’est plus que ça. Avant j’étais égoïste ; maintenant, j’ai des enfants. Avant j’étais libre ; maintenant, j’ai des enfants. Avant, j’avais du temps ; maintenant…Vous saisissez le concept, quoi.

Et putaiiiin comme c’est démoralisant, parfois, de réaliser qu’on s’est complètement arrêté d’utiliser sa tête juste sous prétexte qu’on a deux gamins à occuper et un quotidien à faire tourner…

Donc voilà, c’est sans la moindre prétention que j’inaugure une toute nouvelle catégorie, qui s’appellera « Histoires d’A. » J’y vais vraiment à l’arrache, sans avoir réfléchi à rien (je viens de vous dire que j’avais plus de cerveau, faut suivre, quand même). Je sais juste que j’y rangerai des textes fictifs, et que probablement ils auront tous A. pour personnage central.

Le but, s’il en faut un, c’est de me donner l’illusion que j’ai quelque chose d’autre à faire de ce blog qu’un blog de maman, puisqu’à l’origine, c’est justement ce que je voulais éviter. L’idée, c’était d’avoir un petit espace personnel, fourre-tout, bien sur, parce que je suis une grosse bordélique, mais qui serait moi, plus que moi maman.

Alors à suivre, le premier texte écrit dans cette catégorie. En espérant que je ne me dégonflerais pas, et que d’autres viendront, plus ou moins régulièrement…

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