Comme tiraillée entre un vide intersidéral et une tornade pleine de tout ce qu’elle avale sur son passage, dans le doute, je reste tranquille, et j’attends.

C’est un sentiment curieux que de se sentir à la fois plein de vide et plein de plein. De trop qui bouillonne, qui enfle à n’en plus finir dans une cocotte démunie de soupape de régulation.

Implosion.

J’ai tout salopé les organes du bousin brouillon que contenait mon cerveau, ça dégouline partout, les idées ne ressemblent plus qu’à un sac de nœuds indémêlable qui s’étire sur les sept mètres de mes intestins.

Je fuis les miroirs, mon reflet me débecte, m’insupporte, je rejette les sensations et toutes ces niaiseries insignifiantes. Insensées. Censées dire quoi, quand le reste du monde est tellement laid, couleur sang vermeil, parfum trou du cul.

Elle est ou la vraie violence de tes émotions à toi, quand d’autres sont instantanément enterrés sous les bombes ? Elle est où la pérennité des sentiments quand le futur n’existe pas ? Tu choisi quoi ? Le bunker avec vue, ou l’absurdité partout, que tu maîtrises parfois à l’excellence et plus souvent si misérablement ?

À la vérité, je me fous de tout ça. Une spectatrice indignée comme des milliards. Et oui, la Terre finira. L’Homme est aussi tordu que Schiele a pu le peindre : obscur torturé anguleux puant la mort et les desseins sinueux.

Chuuuut…Chut…

Écoute Armstrong. Non, Sinatra. Làààà. Libère tes épaules, danse un peu ça fait du bien.

Se parer d’insensibilité, comme la nature en hiver qui se recouvre d’un manteau de sommeil. Comme une carapace qui couverait au fond des trésors. Un eldorado qu’on garde pour personne. Qui gîte ; frémissant. Se suffisant à lui-même ? Certainement non. Mais existant. Ce qui n’est déjà pas loin d’un petit miracle. Un bijou hibou joujou pou caillou doudou qu’on garde au chaud. Ce vieil et affectueux petit bout de rien qu’on triture entre ses doigts, rassurant, tout juste suffisant pour soi.

J’en suis là. Essayer de se maintenir soi et tout laisser glisser.

Allo papa tango charlie

Ecoute la version Sinatra de l'Ave Maria ça fait du bien