En guise d’introduction, et pour mieux comprendre le texte qui vient après, 2mn46 de mon tourment quotidien.
Ce n’est définitivement pas ma meilleure vidéo (en plus y’a des fautes d’orthographe), mais elle n’a justement pas été montée pour vous faire marrer, ça tombe bien. Et puis la vidéo, c’est peut-être encore ce qu’il y a de mieux, dans cet article qui n’est qu’une petite tentative vaine d’exutoire, en fait. Comme ça, j’annonce la couleur.
Une ville de riche, qu’est-ce que c’est ?
C’est une ville qui a un patrimoine important, donc une jolie vitrine.
C’est donc forcément une jolie ville.
C’est une ville propre. (Pour être une jolie ville, c’est la condition sine qua non.)
On en évacue les poubelles un jour sur deux, de préférence vers 6 heures le matin, pour que tout le monde entende bien qu’on est une ville propre (bien qu’on le sache déjà : on paie cher pour ça). L’automne, comme le balai est définitivement has been, on souffle sur les feuilles avec un petit engin motorisé. De préférence à la même heure que les poubelles et les livreurs de bière du PMU d’en dessous. Pour être sûr de toujours bien commencer les lundis, mercredis et vendredis.
C’est une ville bien située, attractive.
Tellement qu’il n’y a qu’entre 23H et 4H du mat’ qu’il n’y a plus de circulation. Tellement aussi que tu passe 5 litres de sans plomb à trouver une place pour te garer…à 500 mètres de chez toi…avec tes 6 litres de lait et tes gros sacs de courses.
Oui parce qu’une ville de riche, c’est d’abord une ville qui à un moment donné a su être attractive et a vu, en 5 ans, son nombre d’habitants multiplié par 2. Mais pas son nombre de places de parking. C’est comme un jeu des chaises musicales grandeur nature. Sauf que celui qui a déjà les nerfs de pas pouvoir s’asseoir quand la musique s’arrête –personne n’aime perdre, c’est un fait– il a juste des envies de massacre à grands coups de portière quand une Renault lui pique sa place sous le nez.
C’est une ville de droite, parfois.
Avec des flics malpolis et zélés. Qui ne montrent pas du tout le bon exemple à suivre.
Une ville de riche, c’est aussi une ville dont la majeure partie de l’immobilier appartient à une poignée de propriétaires radins qui n’accepteront jamais de faire poser du double vitrage, même si le locataire menace de se crever les tympans avec un stylo bille.
C’est une ville dynamique.
Qui le fait savoir 50 weekends par an à grand coups de fanfares tonitruantes dès 8h30 le dimanche, et en non stop jusqu’au soir. Souvent pour des non-événements merveilleux comme le 150e anniversaire du rattachement de la Savoie à la France (je précise qu’on est en Haute-Savoie ?).
Quoi que ce rassemblement un dimanche par 38° à l’ombre, ça peut être une tentative comme une autre de résoudre le problème des retraites.
C’est une ville où les amoureux fous sont nombreux à s’enchaîner à l’église.
Tous les samedis, de mai à septembre. Au moins deux fois par samedi. Avec une file d’amis qui suivent derrière en klaxonnant comme des fous sous tes fenêtres pour exprimer leur joie d’avoir une bonne raison de se mettre minable.
C’est une ville qui construit un hôpital et qui voit passer en alternance 20 camions pleins de sable et 20 camions vides par jour, soit 40 camions, ce qui est déraisonnable, vraiment.
C’est enfin une ville pleine d’ados dont les parents ont lâché la thune pour payer le scooter qui hurle à la mort le temps de faire 70 fois le tour du quartier les après-midi de zone pendant l’été.
Bref, pour toutes les qualités susdites, une ville riche, c’est principalement une ville BRUYANTE, qui te ferait te languir de voir l’automne revenir, juste pour fermer tes fenêtres et ne pas devenir complètement dingue.
Non parce là, je suis en souffrance …
J’avais déjà du mal à me concentrer, mais faut pas s’étonner si c’est le silence total sur mon blog. J’y arrive pas, c’est tout.
Avant je ne pouvais pas me passer de musique une journée. Le must c’était de me faire une playlist de mes morceaux fétiches et de pousser le volume pour savourer deux fois plus. J’arrivais très bien à lire, à bosser, avec de la musique dans les oreilles. Maintenant, je ne branche le poste que quand Arthur me le demande. La télé, c’est pire encore, ça ne fait qu’en rajouter dans une cacophonie déjà délirante.
Certains soirs où je suis particulièrement crevée, je n’arrive pas à penser à autre chose, je suis à l’affût de la moindre pollution sonore. Je n’arrive pas à m’endormir parce que j’attends le prochain fracas. J’entends chaque voiture arriver de loin ; je voudrais jeter un seau d’eau sur le poivrot qui dessaoule en bas de chez moi. J’ai envie de hurler pour que tout s’arrête, comme si j’avais le pouvoir, rien qu’en disant stop, de mettre fin à ce vacarme.
Certains soirs, je suis dans une détresse profonde. Le moindre bruissement m’angoisse. Battement cliquetis crépitement froissement frôlement grincement grésillement murmure pépiement ronflement rumeur sifflement ; tous ces sons deviennent mon supplice.
Allez-y, plaignez-moi ! Ou non, plutôt, ne dites rien. Je voudrais juste un peu de silence.
Non vraiment, l’enfer, c’est définitivement les villes de riche.
