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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 14:04

Parmi le lot d’épisodes affligeants sur l’actualité des politiques qu’on nous sert, chaque soir, à la télé ; en voici un, qui me désole un peu plus que les autres, peut-être parce qu’il traite d’un sujet qui m’ennuie moins que tout le reste de cette désinformation quotidienne.

À son tour, Delanoe publie un bouquin.

Ah…qu’il fait bon être nègre en ce moment. C’est un métier qui a de l’avenir. Au train où vont les choses, dans les métiers du livre, seuls survivront les nègres…et les éditeurs, bien évidemment. Enfin…quelques éditeurs. Ceux qui font encore ça pour l’argent. Si, si, il y en a qui gagnent du fric avec le bouquin. Fayard, Flammarion, Grasset, XO, le Seuil, et j’en passe…

Sous couvert de la loi de péréquation*, certains éditent daube sur daube. Mais la tendance inquiétante veut aussi que parmi ces gros éditeurs, on assume de plus en plus de publier ces livres sans aucune valeur littéraire, simplement pour l’argent.

Le livre de Delanoe entre dans la série de ces livres, qui, depuis quelques années, et plus encore depuis les élections de mai 2007, se vendent le mieux, les livres dit « politique ». Enfin, politique, entendons nous sur le mot, hein ? On parle bien de politique comme le veut notre époque (pour quatre ans encore), c’est-à-dire de politique people. Encore que l’ère Sarkozy ne fait qu’amplifier le phénomène ; certains éditeurs ont toujours eu plus de flaire pour l’argent que pour le talent.

Alors tous nos politiques y vont de leur autobiographie, plan de campagne et autre règlement de compte. Toutes les têtes du parti socialiste, pour ne citer qu’eux, ont signé leur livre. Leurs livres, pour un petit nombre d’entre eux (J.Lang en compte au moins quatre à son actif).

Pendant la campagne j’étais stagiaire dans une petite librairie indépendante. Fallait voir la gueule de la table des nouveautés politique. Du Sarko sous toutes les coutures en couvertures, et presque autant de Ségo.

Aujourd’hui je ne suis plus stagiaire, et je ne suis pas retournée dans cette librairie. Mais je sais à quoi peut ressembler cette table. On doit y trouver la dizaine de bouquins publiés sur Carla et Sarkozy.

Comment peut-on même envisager d’acheter un de ces livres ? Le fait que les éditeurs se foutent de nous n’est-il pas assez ouvertement affiché sur cette table ? Qui peut espérer trouver des infos différentes d’un de ces livres à l’autre ? Seul le titre et le nom de l’éditeur change. Mais en même temps, qui peut trouver des infos tout court, dans ces ouvrages ? Ces éditeurs font la pute et racolent avec du strass et des paillettes, et des titres prometteurs (et encore, ils ont même plus besoin de se fouler). Parce que ce que les consommateurs achètent, c’est du livre d’actualité politique/people plein de commérages croustillants. La table d’à côté, qui propose les essais et documents, celle-là, elle ne bouge pas.

Finalement, ces livres sont remplis de vide, d’informations bien débilitantes qui donnent l’impression à leurs lecteurs qu’ils ont plein de trucs passionnants à raconter à leurs collègues de bureau. L’éditeur, de son côté, se dit que sur le tas de livres qu’il publie, il y en aura bien un qui sera un succès qui lui rapportera des pépettes.

Et le pire dans cette histoire, c’est pas tellement de constater que la France lit, qu’elle lit ces bouquins ; mais plutôt de penser à tout le gaspillage. Car quelle est la durée de vie d’un livre d’actualité politique ? Avec la cadence effrénée imposée par les médias, on ne les trouve pas plus de trois mois dans les points de vente. Passé cette date, leur contenu est périmé, et surtout, il faut sans cesse faire de la place pour exposer les nouveaux publiés. Et tous ces livres trop vieux ( !), invendus et inutilisables, où vont-ils ? Au pilon. Bien sur, le papier sera recyclé. Mais il faut voir combien de litres d’eau vont être pollués par toute l’encre bien toxique imprimée sur ces tonnes de papier…Acheter du papier recyclé, c’est bien, mais ce n’est pas systématiquement une démarche écologique…

Enfin il y aurait tellement de choses à changer, hein ?

Mais si déjà on pouvait éveiller les consciences…qu’on arrête de se faire avoir par quelques uns. Qu’on réalise qu’ils sont tous de mèche : hommes politique et hommes d’affaires, et qu’ils ont tous intérêt à endormir le peuple, pour mieux le manipuler. Alors arrêtons d’être cons et reprenons notre vie en main. Sans faire la révolution, refusons l’asservissement, et soyons libre ! Hasta la muerte !

 

 

*Pour atteindre un équilibre financier, l’éditeur qui publie des livres à faible tirage doit aussi publier des ouvrages qui se vendront mieux (les best sellers).

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commentaires

M
Diable !!! Ciel !!! quel talent dans le coup de crayon .... BRAVO !!!!
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