C’est vendredi, ça sent le weekend, entre deux nuages le soleil brille, et pourtant, quelque chose te manque, pour être parfaitement accomplit. Est-ce que ce quelque chose, ça ne serait pas tout simplement un petit air frais et joyeux, avec en prime des paroles engagées, que tu pourras fredonner ces deux prochains jours, en cueillant les premières pâquerettes de la saison ?
Un petit air comme ça ?
Tu as envie de me dire merci, pas vrai ?
Toi aussi, tu avais envie de taper dans tes mains avec elles pour le dernier refrain ?
Comment ça, t’as pas regardé jusqu’à la fin ?
Non…Je peux pas t’en vouloir. J’aurais fais pareil si j’avais eu une autre idée d’article. Et puis c’était trop tard, malgré moi je la chantais déjà, en mixant ma purée de pois cassés, alors j’ai eu envie de partager, mon petit côté sadique certainement.
Les Agitatrices, donc. Public visé, les 8-12 ans. Objectif : les rendre schizophrène, ou péripatéticienne, j’hésite encore.
Enfin je me suis renseignée à fond sur le phénomène, et on devrait en entendre parler un peu plus quand l’album sera sortit, dans un mois (personne ne me paie, pour dire ça, putain…).
Et sur leur site officiel, on apprend un truc incroyable : les préadolescentes ne pensent pas qu’au shopping ou à Beyoncé ; non ! Elles s’inquiètent aussi de ce qui se passe dans le monde.
Exceptionnellement je vais faire ce que je déteste, un copier/coller des premières phrases de leur biographie, car vraiment, j’ai envie que toi aussi tu ais une conscience :
« Les Agitatrices s’expriment en musique sur des thèmes tels que l’écologie, le racisme, les clandestins, la pollution de l’eau, la guerre…Des thèmes qui touchent les filles de leur âge. »
Alors arrêtons-nous sur les paroles, voir comment on traite le sujet de l’écologie à onze ans.
Ha ! Des rimes riches ! Un champ lexical maîtrisé et varié ; un français impeccable et percutant « bah les pattes de ça mec » (pardon ??), un discours empreint de tolérance « ici tu es chez moi », « te pulvériser en particules mon pote », on dirait que tu n’as pas tout à fait compris », non vraiment, impressionnant.
Dommage que ce soit Candy qui chante les derniers vers
« Les fleurs et les oiseaux pour moi n'ont pas de prix
Les petits lapins blancs au loin dans la prairie
Les forêts, les rivières ce sont tous mes amis »
Parce qu’on retombe grave dans la naïveté et le pays des merveilles. On perd toute crédibilité là ! Qu’a donc fait le parolier ? Prit du LSD après le refrain ?
Et puis d’abord, à qui elles s’adressent ces petites ?
C’est qui ce « mec » ? Ben, c’est toi, c’est moi, c’est nous quoi ! Les pollueurs, les sur-consommateurs !
Non mais pour qui elles se prennent ces petites pestes, là ? Ces lolitas bien propres sur elle, de l’innocence plein les yeux et des bouches bien trop rouge, juste de quoi achalander tous les pervers du net.
On chante pas la protection de l’environnement quand on porte sur soi tous les derniers accessoires à la mode et qu’on fait un caprice parce que y’a plus de coca dans le frigidaire !
Un clip musical sur l’écologie avec des gamines dans un décor en aluminium, avec quatre fleurettes projetées sur fond vert. C’est bien, il faut savoir revendiquer ses paradoxes.
Et puis, pour en finir, ces nénettes, là, elles ont vraiment des parents ?
On peut être un père et autoriser sa fille à se produire comme ça ? Alors qu’il va lui chier toute une pendule le jour où elle lui présentera son copain ?... Je veux pas y croire. Il y a forcément des épouses qui dédramatisent et encouragent parce qu’elles se projettent sur leur fille, c’est gratifiant, c’est le rêve de reconnaissance jamais concrétisé, et voilà tout.
Jeter son propre enfant en pâture à tous ces rapaces mercantiles, accepter d’instrumentaliser la chair de sa chair, être aveuglé par quelques milliers d’euros (qui ne seront pas investis dans l’écologie, ça tu peux en être sur) se la faire mettre et dire merci en souriant…Non, il y a des adultes que je ne comprendrais jamais.